Impressionnisme

La modernité en mouvements

12 octobre 2022 — 05 février 2023.

Exposition organisée en partenariat avec le musée d’Orsay et France Muséums.

En 1874, à Paris, un groupe d’artistes organise une exposition immédiatement qualifiée d’« impressionniste ».

Tous affirment l’urgence d’« être de leur temps », et de représenter le monde qui les entoure en dehors des circuits académiques officiels. C’est le point de départ d’un profond renouveau esthétique qui retentira à l’échelle internationale et qui demeure perceptible aujourd’hui.

Réunissant pour la première fois aux Émirats arabes unis de nombreux chefs-d’œuvre du musée d’Orsay, cette exposition présente la manière dont l’impressionnisme a bouleversé la perception et la représentation du monde et de sa modernité.

Visite interactive

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Une nouvelle vision du monde

La modernité de l’impressionnisme est multiple et est influencée par les mêmes forces que celles qui traversent la société : industrialisation, innovations techniques, développement des moyens de transport et de communication…

Les peintres impressionnistes représentent des sujets qualifiés de « modernes », c’est-à-dire en lien avec ces temps nouveaux. Leurs peintures sont ainsi le témoin d’une société en mouvements.

Développement des chemins de fer

En France, à partir des années 1820, la construction d’un réseau de voies ferrées se développe massivement et favorise les déplacements des artistes depuis Paris vers les bords de la Seine, de la Marne et en Normandie.

Salon officiel

Palais de l’industrie, Paris - 1874

Crée en 1667, le Salon officiel de peinture et de sculpture est une exposition qui se tient régulièrement à Paris et qui, au XIXe siècle, continue à largement déterminer la vie des arts et des artistes.

Les œuvres qui y sont présentées sont sélectionnées par un jury composite qui défend majoritairement une vision artistique conservatrice, plutôt hostile à la peinture moderne.

Chaque année l’exposition présente un nombre d’œuvres plus important, obligeant les tableaux à être présentés les uns aux dessus des autres dans un accrochage très serré.

Le Salon fait et défait les carrières des artistes. Être refusé ou mal présenté au Salon, revient souvent être privé d'une visibilité essentielle.

Bien qu’ils subissent ainsi les rigueurs du Salon dont ils sont souvent refusés au début des années 1870, Manet, Monet et Degas parviennent parfois à y exposer leurs œuvres.

Le public du Salon peut à ces rares occasions découvrir leur approche nouvelle de sujets modernes et populaires, considérés comme moins nobles.

Première exposition Impressionniste

35 boulevard des Capucines, Paris - 1874

Le 15 avril 1874 s’ouvre, en marge du Salon, une exposition organisée par la « Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs, graveurs, etc. » qui se tient dans l’ancien atelier du célèbre photographe français Nadar. Plus de 165 œuvres sont présentées sans le filtre du jury du Salon : les artistes organisateurs décident de prendre en main leur carrière et de s’affranchir des circuits officiels.

La presse distingue vite un groupe de peintres composé de Monet, Renoir, Degas, Morisot, Sisley, Pissarro ou encore Cézanne. S’inspirant du titre d’un tableau de Monet, le journaliste Louis Leroy les baptise par dérision « impressionnistes » afin de moquer une démarche artistique jugée irréfléchie, née d’une simple « impression ».

Cette première exposition des impressionnistes ne se limite pas à la peinture : elle inclut également des sculptures et des œuvres sur papier, en particulier des gravures de Félix Bracquemond. Certains des artistes continueront à se réunir régulièrement pour exposer leurs œuvres jusqu’en 1889.

Les grandes figures

Édouard Manet

1832 - 1883

Véritable chef de file de cette nouvelle génération, même s’il n’a jamais exposé avec les impressionnistes, Édouard Manet ouvre la voie à de nouvelles formes de représentation du monde.

Sa peinture est plus tranchée, et moins lyrique que celle d’autres peintres de l’époque. Manet s’intéresse en effet à des thèmes comme l'hispanisme, les natures mortes, et surtout la vie parisienne. Les représentations qu’il effectue de scènes de mœurs choquent régulièrement le Salon.

Manet se distingue des impressionnistes, qu’il inspirera néanmoins, par une appréhension du sujet plus soucieuse du réel. Il utilise très peu les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, qui caractériseront au contraire les futures peintres impressionnistes .

Qui donc a dit que le dessin est l'écriture de la forme ? La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie.

Orientations d’une peinture nouvelle

Sortir de l’Atelier

Fontainebleau, Seine et Marne

Traditionnellement, les peintres esquissaient quelques croquis devant leur modèle avant de rentrer dans leur atelier réaliser leurs tableaux de mémoire, en prenant soin de parfaire et d’idéaliser ce qu’ils avaient vu. Les peintres impressionnistes perpétuent ce goût de la nature, mais peignent « sur motif », soit directement en plein air, face au paysage.

Cette nouvelle manière de peindre, facilitée par l’invention des tubes de peinture transportable, permet aux artistes de sortir de l’atelier et d’ainsi capter les variations de lumière et les effets de la météo. Les peintres impressionnistes représentent de nombreuses vues de région parisienne (Argenteuil, Fontainebleau) et de Normandie (Trouville, Giverny).

L’Impressionnisme au pluriel

À partir du début des années 1880, certains artistes impressionnistes poursuivent des voies parfois divergentes. Degas se consacre à ses scènes de ballets pendant que Monet intensifie son travail sur le principe des séries. La majorité souhaite alors dépasser la recherche de l’immédiateté.

Cézanne et Renoir explorent des scènes de genre, en cherchant à leur apporter un caractère atemporel d’une manière différente : chacun trace sa propre voie picturale.

Paul Cézanne

Dans ses œuvres Cézanne, représente les objets de façon simplifiée grâce à des lignes horizontales et verticales, presque géométriques, afin d’être au plus proche de la représentation de la nature.

Au contraire, Renoir met l’accent sur les effets de texture de chaque objet en exaltant leur beauté. Pour lui, il ne s’agit alors plus de dépeindre les changements de la société mais de renforcer la poésie en chaque élément.